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L’Art nouveau en 3 minutes

En bref

Multiforme et international, le mouvement Art nouveau est celui des courbes et des arabesques. Librement inspiré par la nature, privilégiant aussi le thème de la femme, il est un pur produit de la Belle Époque (1890–1914). En France, c’est surtout Hector Guimard qui l’incarne, au travers des bouches de métro dont il est l’architecte, et l’École de Nancy, autour d’Émile Gallé. Céramiques, meubles, objets d’art, verreries… L’Art nouveau offre un véritable univers esthétique idéalement mis à la portée de tous. L’un de ses apports majeurs est d’avoir fait tomber la barrière traditionnelle entre arts majeurs et arts mineurs, en élevant par exemple l’affiche aux rangs des beaux-arts. En Allemagne, l’Art nouveau prend le nom de Jugendstil, tandis qu’en Angleterre il s’incarne dans le mouvement Arts & Crafts. Parfois qualifié de Modern Style, il signe un véritable renouveau de l’art décoratif européen à l’ère de l’industrialisation croissante.

« La symétrie n’est nullement une condition de l’art, comme plusieurs personnes affectent de le croire ; c’est une habitude des yeux, pas autre chose. » Hector Guimard

Hector Guimard, Entrée de la station de métro parisienne Abbesses, créée dans le style Art nouveau par l’architecte français Hector Guimard (1867-1942). Paris, France
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Hector Guimard, Entrée de la station de métro parisienne Abbesses, créée dans le style Art nouveau par l’architecte français Hector Guimard (1867–1942). Paris, France

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© Bridgeman Images

Son histoire, ses idées clés

L’art nouveau puise ses racines dans le mouvement Arts & Crafts, apparu en Angleterre dans les années 1860. Il s’apparente à un désir de retour à l’artisanat, à une revalorisation du travail ouvrier, à la création de beaux objets utilitaires. William Morris en fut l’un des grands promoteurs. Il s’agit de relancer l’art de l’ébénisterie, de la poterie, de l’émaillage, en renouant avec un retour à la nature et la simplicité. C’est un peu l’émergence du design qui s’exprime au travers de ce mouvement.

En France, l’Art nouveau a émergé au début des années 1890, et fut rapidement qualifié de « style nouille », en raison du privilège donné aux arabesques sur les lignes droites. Il touche principalement l’architecture et les objets de décoration d’intérieur, comme les meubles et les verreries. L’architecte Hector Guimard en est l’un de ses plus célèbres représentants. La promotion de l’Art nouveau fut assurée par le marchand Samuel Bing qui ouvrit un magasin à Paris en 1895. Les représentants du style (Louis Majorelle, Émile Gallé, René Lalique, Eugène Grasset…) s’illustrent particulièrement lors de l’exposition universelle de 1900.

La ville de Nancy fut un véritable laboratoire de l’Art nouveau. Dans le contexte de l’annexion de l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne en 1871, Nancy devient la capitale de l’Est de la France et un bastion de défense d’une architecture régionale, en lien avec ses racines culturelles. Là, s’y crée une école présidée par le verrier Émile Gallé. Ses œuvres se caractérisent par des motifs et couleurs exubérants, principalement inspirés par la flore, le monde marin et le japonisme. Le but est la création de formes à la fois simples et harmonieuses.

En Allemagne, comme en France, l’émergence de ce nouveau style décoratif souhaite remettre au goût du jour les vertus de l’artisanat, face à l’émergence de la production industrielle. Là encore, il s’agit d’une esthétique fin de siècle, marquée par la volonté de créer un art total. En Autriche, la richesse de cette inspiration symboliste s’exprime au travers de la personnalité de Gustav Klimt et de l’organisation de Sécessions, des expositions internationales. Aux quatre coins de l’Europe, de nombreux bâtiments témoignent de l’influence de cette esthétique, comme les constructions d’Antoni Gaudí à Barcelone, le bâtiment de la Sécession à Vienne, certains hôtels particuliers de Bruxelles ou encore les bouches de métro parisiennes réalisées par Hector Guimard.

La Grande Guerre signe de la fin des inspirations libres et volubiles de l’Art nouveau. Il cédera la place au style Art déco qui, dans les années 1920, promeut un retour au classicisme.

Les œuvres clés

Émile Gallé, La main aux algues et aux coquillages
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Émile Gallé, La main aux algues et aux coquillages, 1904

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© Photo Josse/Leemage

Émile Gallé, La Main aux algues et aux coquillages, 1904

Cette étrange sculpture est l’une des plus célèbres réalisations d’Émile Gallé, maître verrier phare de l’École de Nancy. Imprégnée de symbolisme, cette main révèle l’une des principales sources d’inspiration de Gallé : le monde marin. Le verre, avec ses transparences, est un matériau idéal pour évoquer cet imaginaire. Cette pièce est aussi une véritable prouesse technique, le cristal étant modelé à chaud.

Louis Majorelle, Fauteuil
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Louis Majorelle, Fauteuil, 1898

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© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay)/René-Gabriel Ojéda

Louis Majorelle, Fauteuil, 1898

Issu d’une famille de fabricants de meubles installée à Nancy, Louis Majorelle s’engage dans le chemin du naturalisme au début des années 1890, sous l’influence de Gallé. Il se montre moins fantaisiste que ce dernier et renonce à donner trop d’emprise à l’exubérance végétale dans son mobilier. Son travail d’ébéniste est marqué par l’introduction, vers 1900, d’éléments de métal. Il travailla également avec la maison Daum pour la création de luminaires.

Hector Guimard, Banquette de fumoir
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Hector Guimard, Banquette de fumoir, 1897

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© RMN-Grand Palais (musée d’Orsay)/Konstantinos Ignatiadis

Hector Guimard, Banquette de fumoir, 1897

Hector Guimard, célèbre pour ses entrées du métro parisien, est l’un des grands promoteurs de l’inspiration végétale au service de l’élégance décorative. Ici, le meuble et les éléments végétaux semblent ne faire qu’un, traduisant la devise de Guimard : l’unité du décor. L’architecte était aussi un fervent défenseur de l’asymétrie, cassant l’un des principes fondamentaux de l’esthétique classique.

Victor Horta, La Maison Horta
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Victor Horta, La Maison Horta, 1898–1901

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Salle à manger, Maison Horta, 23–25 Rue Americaine, Bruxelles, Belgique

© Alastair Carew-Cox / Bridgeman Images

Victor Horta, La Maison Horta, 1898–1901

Demeure de l’architecte belge Victor Horta, cet hôtel particulier a été construit au tournant du siècle. Elle représente une tentative de créer un environnement Art nouveau complet, des mosaïques aux vitraux et au mobilier. Horta a accordé une place prépondérante à la lumière, se différenciant des intérieurs de maisons bourgeoises, généralement sombres. C’est l’exemple d’une œuvre individualiste, moderne, anti-conservatrice.

Alfons Mucha, Gismonda
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Alfons Mucha, Gismonda, 1894

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Affiche d’Alfons Mucha pour l’interprétation de la pièce Gismonda de Victorien Sardou avec Sarah Bernhardt à Paris, 1894

© CCI / Bridgeman Images

Alfons Mucha, Gismonda, 1894

Né en Moravie, Alfons Mucha a fait ses études artistiques à Paris, tout en se spécialisant dans le domaine de l’affiche, en pleine expansion à la fin du XIXe siècle. Son affiche pour une pièce de Sarah Bernhardt au Théâtre de la Renaissance, en 1895, lui assure un immense succès. Travaillant à l’aide de photographies, l’artiste fait des femmes son sujet de prédilection. Elles deviennent des créatures idéales et divines, au cœur d’ornements végétaux ou stylisés très identifiables. Tout comme Jules Chéret avant lui, et à la même époque que Toulouse-Lautrec, Mucha a contribué à la déferlante de l’affichomanie.

Par • le 21 mai 2018

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